Depuis septembre 2017, Klaxit intervient en tant qu’expert du covoiturage domicile-travail auprès du Ministère des Transports qui souhaite impliquer les acteurs économiques de la Mobilité dans son projet de Loi.
Les acteurs des nouvelles mobilités ont eu l’opportunité de partager leur expérience et leurs attentes avec les pouvoirs publics suite à la consultation des Assises Nationales de la Mobilité. L’objectif de cette consultation : mieux orienter les décisions prises par le Ministère des transports, en vue de la sortie de la Loi d’Orientation sur les Mobilités (LOM) présentée au conseil des ministres, puis au Parlement en fin d’année 2018.
Parmi les nouvelles mobilités, le covoiturage domicile-travail occupe une place importante dans la liste des pratiques à développer pour améliorer les transports du quotidien. En tant que leader sur ce segment, Klaxit faisait partie des acteurs mobilisés lors de la consultation des Assises. Nous avons ainsi pu partager nos retours d’expérience et nos recommandations quant au futur projet de loi.
Une mise en pratique complexe au sein des collectivités
Car, si la pratique du covoiturage quotidien commence à prendre de l’ampleur, il n’en demeure pas moins que de nombreuses collectivités ont essayé de le développer, avec des résultats en deçà de leurs attentes. Plusieurs raisons à cela : la mise en place de plateformes fermées, la faible – ou inexistante – sollicitation des entreprises et l’animation des réseaux permettant d’atteindre une masse critique, ou encore des contrats sur plusieurs années qui les empêchent de suivre le rythme des innovations. Les acteurs en charge de la mobilité dans les collectivités savent qu’ils peuvent mettre en place des solutions de covoiturage, mais manquent d’informations quant à leurs options légales et budgétaires : ont-ils le droit de financer des trajets ? Peuvent-ils expérimenter une solution sans passer par un appel d’offres ?
Chez Klaxit, nous avons trouvé la formule qui fonctionne
Créer un nouveau réseau de transport sur le territoire français grâce aux entreprises, puis en massifier l’usage grâce notamment au cofinancement des trajets en covoiturage, qui consiste en une prise en charge par la collectivité ou l’entreprise, d’une partie des frais de trajet. Mais ce mécanisme de cofinancement des trajets connait encore un certain nombre de barrières législatives, l’empêchant de se développer correctement. Julien Honnart, CEO de Klaxit a été auditionné en février dernier par la Commission développement durable de l’Assemblée Nationale avec Yann Marteil, Président Exécutif de Via ID (investisseur de Klaxit). Ils nous expliquent pourquoi le cofinancement des trajets sera décisif pour massifier le covoiturage courte distance en France.
Le cofinancement des trajets : la clé du marché du covoiturage
Les entreprises jouent un rôle clé pour créer un réseau dense
Le principal enjeu du covoiturage est l’atteinte d’une « masse critique », c’est-à-dire la constitution d’un réseau suffisamment dense pour apporter aux covoitureurs des trajets sans détour et de la flexibilité horaire. De nombreuses collectivités et entreprises se sont heurtées à cette problématique, en finançant ou développant des plateformes de mise en relation, qui faute d’un nombre d’inscrits suffisant, n’ont jamais atteint de « masse critique », ne générant ainsi qu’un très faible nombre de mises en relation.
Dans cette optique, les entreprises jouent un rôle clé : elles sont le seul moyen de créer rapidement cette « masse critique » à un niveau local. Leur permettre d’inciter financièrement leurs collaborateurs à covoiturer, et ce de manière pérenne, afin de développer la pratique est donc important mais complexe. En effet, la loi est stricte sur les remboursements de covoiturage et conduit même parfois à des aberrations :
Aujourd’hui, si une entreprise souhaite rembourser le covoiturage, elle ne peut pas le faire. Elle doit payer des charges URSSAF. Parfois, l’URSSAF exonère de charges les auto-solistes à qui les DRH font signer des papiers certifiant des situations de non-covoiturage. Ce qui signifie que, pour recevoir cet argent, les collaborateurs doivent garantir conduire seuls, soulignait Julien Honnart lors de son audition par la Commission Développement Durable.
Les entreprises freinées dans la prise en charge du covoiturage
Les incitations financières sont fondamentales pour massifier l’usage du covoiturage domicile-travail
Les automobilistes sous-estiment souvent le prix que peut leur coûter leur véhicule. Ils pensent au carburant, mais moins à tous les autres frais investis : assurance, maintenance et réparation, dépréciation, etc. Ainsi, le conducteur d’un véhicule individuel ne perçoit pas l’intérêt économique de covoiturer en tant que passager. Il perd son « indépendance » tout en ayant l’impression de payer à son conducteur le carburant qu’il aurait mis dans son propre véhicule. D’autant plus qu’il conserve en général son véhicule pour ses loisirs, continuant ainsi à payer son assurance et à subir la dépréciation de son véhicule.
Réduire le prix du covoiturage pour le passager tout en maintenant le gain du conducteur est donc capital. Cela stimule la demande des passagers, qui perçoivent un intérêt financier évident à covoiturer, en conservant une offre abondante de conducteurs.
Dans cette optique, Klaxit a mené depuis juin 2017 une expérimentation sur sa base d’utilisateurs : financer le trajet du passager, dont le trajet devient gratuit, et maintenir le gain du conducteur. Le mécanisme a ensuite été généralisé à grande échelle en Ile-de-France grâce au volontarisme d’Ile-de-France Mobilités. L’opération connaît un grand succès : depuis le début de l’opération, le nombre de trajets enregistrés sur la plateforme observe une croissance sans précédent de 10% par semaine.
Stimuler la demande tout en conservant l’offre : l’équation gagnante
Le covoiturage n’est pas une dépense supplémentaire mais une économie importante pour l’État
The Shift Project, Think Tank de la transition écologique, valorise le bénéfice annuel net potentiel apporté par le covoiturage de 2 à 8 millions d’euros, somme prenant en compte les investissements nécessaires pour le développer (rapport Décarboner la mobilité dans les zones de moyenne densité, c’est possible !).
Le covoiturage cofinancé est plus efficace et moins coûteux à mettre en place que les réseaux de transport en commun dans les zones à faible concentration de population. Y recourir permettrait aux AOM de désenclaver des zones qui sont aujourd’hui mal desservies. Chaque euro investi en covoiturage permet d’en économiser ailleurs, tout en offrant des solutions de mobilité plus performantes aux Français qui en sont dépourvus, et pour qui le véhicule individuel reste la seule option, souligne Yann Marteil, Président Exécutif de Via ID, lors de de son audition à l’Assemblée Nationale.